L’importance des roues sur un vélo : essai des roues Asterion E-One Carbon 45

Depuis que je me suis intéressé à la pratique du vélo, les gens autour de moi me parlent souvent du gain suite au changement de leurs roues. On m’a toujours dit qu’un bon vélo, c’est l’ensemble cohérent d’un bon cadre et de bonnes roues (avoir de faibles masses en mouvement est un aspect important, tout comme la rigidité des roues, leur comportement dynamique, la fluidité de rotation en charge, l’aérodynamisme, etc..).

Après plusieurs années, j’ai enfin l’opportunité de pouvoir tester des roues haut de gamme sur mon vélo de route Giant Propel de 2018.
Emilie va également pouvoir les installer sur son vélo B’Twin Ultra AF900. Cela nous permettra d’avoir deux avis distincts avec deux profils et vélos différents !

Jeu de lumière avec un vélo de route équipé de roues Astérion

C’est dans cette optique que j’ai contacté le fabricant de roues artisanales français Astérion, qui a répondu positivement en me prêtant une paire de roues carbone tubeless compétition entièrement montée à la main !

Avec mon niveau d’amateur éclairé, j’étais impatient de les recevoir pour me faire un avis, les tester sur mon parcours légèrement vallonné pour essayer d’avoir des chronomètres. Enfin, avoir le ressenti de ma copine, qui possède un niveau amateur, un petit gabarit et un vélo entrée de gamme m’intéressait aussi.

La cycliste Emilie avec son vélo de route B'Twin équipé de roues Astérion sur une route refaite

Si vous aussi vous vous demandez s’il est intéressant de changer de paire de roues, la suite va vous plaire ! Voici mon avis sur les roues carbone haut de gamme d’Asterion et son impact sur ma conduite.

L’histoire d’Astérion

Asterion est un fabricant français spécialisé dans le montage de roues hautes performances pour les compétiteurs et les amateurs éclairés, que ce soit pour le VTT, la route, le gravel, le fat bike, le trekking mais aussi pour les VAE.

Gros plan d'une roue de la marque Astérion montée d'un pneu GP5000 Tubeless

Créée en 2011, l’entreprise fondée par Benoît Stupici est située à Charly, dans le Rhône. Pour ce test, nous avons échangé directement avec Benoît et ce fut un plaisir : il est passionné par son activité et le monde du vélo en général, une bible de connaissances et d’expériences intarissables !

Benoît est ainsi à l’écoute pour fournir le matériel qui sera parfaitement adapté à votre pratique et à vos envies. Le catalogue est étoffé pour proposer des bases correspondant aux différentes pratiques. 

Cette personnalisation et ce suivi de qualité signent l’ADN de la marque !

Vous pouvez en savoir plus sur l’entreprise et voir Benoît ainsi que son équipe en plein travail dans cette vidéo.

Les caractéristiques des E-One Carbon 45 testées

Pour que la paire de roues soit la plus efficace pour mon utilisation, j’ai beaucoup discuté avec Benoît pour qu’il me connaisse mieux. A la fin de l’échange, j’ai dû remplir un formulaire pour que Benoît ait ainsi tous les éléments en main.

Après quelques jours, quelle joie de recevoir un gros carton ! 🙂

Les roues neuves reçues dans le carton

Les roues reçues sont des roues carbone, légères, larges avec 26 mm, semi profilées et renforcées en carbone. Les E-One Carbon 45 sont la version optimisée pour la compétition.

Avec leur profil de 40mm à l’avant, 50mm à l’arrière et leur poids de 1362 g pour un montage patin tubeless les rend hyper polyvalentes et idéales pour des terrains plats à vallonnées.

Les rayons sont des Sapim plats et les moyeux, des Aivee EDA (made in France, la marque est installée en Vendée). Ces moyeux sont une version exclusive pour Asterion. EDA signifie d’ailleurs “Edition-One Asterion”. La couleur des stickers, des moyeux et le type des écrous sont personnalisables. Sachez que selon vos préférences, Asterion règle la tension des rayons (-10%, 0 ou +10%) pour- gagner en rigidité ou en confort. Là encore, il est possible de contacter Astérion pour leur demander des conseils.

On adapte surtout la tension pour s’adapter au mieux au gabarit et /ou à la force du cycliste. L’argumentaire du gain de rigidité ou de gain en confort est en réalité inexact car la tension ne change en rien la « raideur » mécanique d’une roue. Cela change juste sa plage d’utilisation.

Un petit gabarit ou un coureur peu puissant pourra se contenter d’une tension moindre pour ne pas trop solliciter les moyeux et les jantes en terme de fatigue sur le très long terme.

A l’inverse pour un coureur lourd et/ou très puissant, il sera nécessaire d’aller chercher la limite de tension permise par les composants pour ne pas que les roues « saturent » trop facilement sur le vélo.

Mais l’un comme l’autre ne joue ni sur le confort, ni sur la raideur des roues d’un point de vue « mécanique ». C’est juste la « plage d’utilisation » des roues qui change. Concernant le confort, il faut savoir que beaucoup d’autres paramètres que la tension des rayons sont bien plus important (pression des pneus, conception des jantes, type de rayons, etc…) et surtout, si on règle une roue avec des rayons peu tendus dans le but de gagner en confort, la conséquence sera que l’on va perdre énormément en rendement et en fiabilité (risque de « fatigues » des rayons et donc risque de rupture de ces derniers à terme).

Benoît d’Asterion

Vous pouvez aussi choisir l’option roulements en céramiques pour une paire de roues vraiment exclusives. Le montage est ensuite entièrement réalisé dans l’atelier de la marque.

Signe de ce montage à la main, la roue arrière est ligaturée pour maintenir les rayons profilés entre eux et renforcer la rigidité de la roue. C’est une opération minutieuse qui demande beaucoup de temps et de travail.

Pour le poids, on est dans la catégorie poids plume puisque notre modèle patins tubeless affiche 1362 g. En disque tubeless, le poids est le même. En boyaux patins, la balance descend à 1147 g et la version disque boyaux à 1276 g.

En comparaison fun, mon objectif photo 70-200 mm f/2.8 pèse aussi lourd que la paire de roues… C’est fou !

Les E-One Carbon 45 nous paraissent être un excellent compromis poids et aérodynamisme et correspondent à notre pratique. 

Pour leurs modèles les plus hauts de gamme, comme les E-One, Astérion propose de prêter une roue en cas de souci, le temps que l’atelier répare votre roue. C’est un service très appréciable qu’on ne retrouve pas dans les productions en grandes séries…

Les tests terrains

Conditions des tests

Les roues sont utilisées sur une boucle autour de Bordeaux, qui comporte du plat mais aussi de belles côtes autour de Floirac pour avoir des conditions variées.

Nous les avons aussi emmenées durant un long weekend en Charente pour les tester sur un terrain plus vallonné. Et venteux, ce qui n’était pas prévu mais on a pu vérifier par la même occasion leur tenue face à des rafales à 80 km/h !

Notre premier ressenti

Avant même de pédaler, les roues transforment radicalement le look du vélo ! Elles ajoutent une touche racing qui métamorphose le vélo en machine de guerre.
Même l’Ultra AF 900 d’Emilie devient une bête sportive ! Personnellement, on a adoré.

Vélo de route B'twin dans les feuilles mortes

Autre élément qu’on a remarqué dès le montage : le son de la roue libre. On aime ou on aime pas le bruit de crécelle mais nous, nous avons bien apprécié la sonorité de la roue-libre. On profite des descentes pour écouter le cliquetis du moyeux !
Bonus : les autres utilisateurs ou les piétons nous entendent venir de loin dans leur dos. 

Sinon, il faut savoir que selon le taux de graissage des cliquets, il est possible d’obtenir un bruit qui va du « feutré » au « sonore ».
Sur ma paire de roues perso sur laquelle j’ai « chargé un peu plus en graisse » car je n’aime pas les moyeux trop bruyants, le son en phase de roue-libre est donc plutôt doux et discret.

Benoît d’Asterion

Donc, ces roues sont magnifiques mais que valent-elles en situation ?   

Dès les premiers coups de pédale, le comportement du vélo est complètement modifié !
Pour Emilie sur son B’twin comme pour moi sur mon Giant Propel, j’ai l’impression de piloter un courant d’air. La différence est bluffante ! 

On appuie sur les pédales et le vélo répond tout de suite. La sensation est grisante, surtout qu’on atteint une bonne vitesse très facilement. Nous n’allons pas plus vite mais nous arrivons à nos vitesses de croisière beaucoup beaucoup plus facilement.
Le vélo est beaucoup plus nerveux et dynamique.

Dans les montées, les roues se font oublier. Leur légèreté aide grandement à ce niveau, Émilie comme moi avons pu les emmener facilement.

Et sur le plat, les relances se font sans effort. Une fois lancées, on sent bien l’inertie qu’apportent le profil plus haut des roues: le vélo est comme sur un rail et la route défile. Le rendement est juste excellent.

On pourrait croire que la hauteur de jante en fait des roues exigeantes mais pas du tout !
La légèreté des roues allège l’ensemble mais surtout, ce qui nous a vraiment étonné, c’est la précision de pilotage qu’apportent ces roues. Il est tout de suite plus facile de placer le vélo, de prendre de bonnes trajectoires. Éviter les nids de poule ou les feuilles mortes devient un jeu d’enfant. 

Face au vent, nous craignions que la hauteur des roues ne se fasse sentir et qu’on se retrouve avec des “voiles” difficiles à gérer, qui nous déportent à gauche ou à droite selon les rafales.
Pas du tout !

Le fait d’avoir un profil plus bas à l’avant (40mm), limite l’impact du vent et permet de conserver une conduite précise.
Emilie comme moi n’avons pas été gênés par les roues, le vélo reste facile à conduire et à placer. Benoit nous a d’ailleurs confirmé qu’avoir une roue à profil haut (voir pleine) derrière impacte peu la facilité de pilotage, c’est surtout la roue avant qui compte pour la précision de pilotage donc un profil bas à moyen devant est à privilégier si on veut éviter de s’envoler à la moindre rafale. 

De « bonnes roues » ne se résument pas uniquement à une faible masse en mouvement. Certes, ce paramètre est déterminant, mais il y en a d’autres qui le sont tout autant.

Par exemple le comportement « dynamique » des roues (capacité à se déformer selon certaines direction, latérale, verticale, en « torsion », etc.), leur rigidité latérale et verticales (sachant que « ‘plus rigide » n’est pas toujours un avantage), la fluidité de rotation en charge (qui n’a rien à voir avec la fluidité à vide), l’aéro, etc.

Benoît d’Asterion

Le test chronométré

Alors, avant toute chose, je tiens à préciser que ce test n’est pas le plus scientifique du monde car plusieurs semaines se sont écoulées entre chaque passage chronométré.
Je n’ai malheureusement pas pu enchaîner les tours en changeant les roues donc la forme, l’entraînement ont certainement changées entre chaque mesure.

Néanmoins, même à mon niveau d’amateur, on remarque clairement plusieurs différences !

Pour la réalisation du test chrono, j’ai choisis une boucle La Brutale qui contient 8 segments Strava de ma boucle vallonnée préférée, proche de Floirac (33). Je souhaitais vérifier s’il était possible de mettre des chiffres sur les effets ressentis liés au changement de roues.
Parce que ces roues semblent rapides mais rapides à quel point ? 10 secondes de moins par segment, plus ? Ou alors, je vais strictement à la même vitesse ?? 

Bref, j’ai parcouru cette boucle d’une vingtaine de kilomètres plusieurs fois, d’abord avec mes roues d’origine Giant PA2 puis avec les roues Astérion 45 One. Avant de remettre mes roues d’origine.

Carte Strava de la boucle vallonnée près de Floirac

Voici le résumé que j’ai pu extraire de Strava :

Tableau comparatif des temps réalisés sur les segments entre les roues d'origine Giant PA2 et les roues Astérion 45 Edition One

Légende : OR = Record, GRIS = 2ème meilleur temps et ROUGE = 3ème

La 2ème colonne indique pour chaque segment :

  • la distance
  • le dénivelé
  • le pourcentage du dénivelé

On remarque que mes meilleurs temps ont été réalisés avec les roues Astérion avec un maxium de couleur OR sur tous les segments.
La 2ème sortie sur cette boucle avec les Asterion m’ont permis de battre les records que je n’avais pas pû faire à la première sortie : belle performance ! 😉

Une fois les roues Astérion renvoyées… (que c’était difficile de s’en séparer, snif !), le 10 novembre, j’ai souhaité refaire la boucle “à fond” avec mes roues d’origine montées en Giant PA2. 

Je voulais voir si, avec la motivation au maximum et bien reposé, je pouvais égaler ou faire aussi bien que les temps réalisés avec les Asterion.
Réponse : non mais j’ai quand même marqué beaucoup de 2nds meilleurs temps avec mes roues d’origine. Impossible à battre, les roues Asterion m’ont vraiment fait survoler le parcours malgré la surmotivation !

Même si nous ne sommes pas dans un véritable test scientifique, on remarque un écart allant de 4 à 35 secondes sur tous les segments. En moyenne, les roues Asterion me permettent d’aller 15 secondes plus vite.
Le gain peut paraitre faible cependant, j’y arrive sans dépenser une énergie folle pour y arriver et en prenant beaucoup plus de plaisir en roulant. Donc sur une sortie de plusieurs heures, je ressors plus frais, plus satisfait. 

La facilité de pilotage, la précision et le dynamisme des roues poussent aussi à rouler plus fort, ce qui aide à se dépasser et à faire tomber les chronos.

Le test chrono valide mon ressenti : je roule plus vite et plus facilement avec les Asterion E-One Carbon 45 ! 

Est-ce qu’on les recommande ?

Si vous aimez les belles roues, le travail artisanal, si vous souhaitez donner une seconde vie à votre cadre ou gagner tout simplement en performance, alors ces roues sont pour vous.

Vous aurez l’impression d’avoir un nouveau vélo sans avoir à en racheter un neuf. La personnalisation avec un montage à la carte est un vrai plus que vous ne trouverez pas ailleurs.

Pour un triathlon, quand je dois enchainer 21 km de course à pied après 90 km de vélo, avoir des roues comme les Asterion qui me permettent de rouler fort sans me flinguer les cuisses est essentiel.
Ce type de roues conviendrait totalement à ma pratique et à mon terrain de jeu, qui est essentiellement plat et peu venteux. 

Et pour les purs cyclistes, pareil, je recommanderai sans hésiter ces roues. Le gain de vitesse n’est pas le plus important mais la facilité de pédalage, l’économie que procure ces roues permet de se dépasser et au final, on se surprend à exploser les chronos. Très polyvalentes, ces roues doivent faire des ravages en compétition !

J’aurais tellement aimé pouvoir les tester lors d’une course cycliste Ufolep ! Malheureusement la saison était terminée. Mais qui sait, peut-être lors d’un prochain test. 🙂

Alors, est-ce qu’on les a acheté ?

Hélas non. J’avoue que le prix peut être un frein mais c’est surtout le freinage sur patins qui ne nous semble pas une solution pérenne.
En effet, nous comptons changer de vélos quand la pénurie se fera moins sentir et nous souhaitons nous équiper en disques. Acheter ce genre de roues maintenant ne nous paraît donc pas pertinent.

Il faut aussi reconnaître que les constructeurs ne nous laissent plus le choix avec les disques qui équipent maintenant la majorité des gammes !

En revanche, la question se pose clairement pour le futur. Comme nous comptons conserver nos machines un certain temps, investir dans un cadre correct puis dans de bonnes roues nous intéresse énormément !

Emilie devant son vélo de route Btwin avec des nouvelles roues Astérion 45 Edition One

Conclusion

Les roues donnent un côté plus agressif au vélo qui plaira aux plus sportifs et changent radicalement sa conduite. Plus vives, précises, dynamiques et joueuses, ces roues font redécouvrir son propre vélo. C’est vraiment fun de rouler avec !

Le tarif est certes haut de gamme mais reste bien placé par rapport aux productions équivalentes des grosses marques comme Enve, Zipp ou Mavic, qui sont souvent plus lourdes et qui n’offrent pas du tout le suivi client d’Astérion ! Sans oublier que la marque développe ses propres roues et les monte à la main en France. 

De plus, si vous possédez déjà un beau cadre, changer les roues est une solution intéressante pour prolonger la vie de votre machine. Le coût de changement des roues reste en effet inférieur à l’achat d’un vélo neuf complet.

Ce sont des roues haut de gamme que l’on garde des années et qui peuvent servir sur plusieurs vélos ! Selon moi, c’est un investissement qui en vaut la chandelle 🙂

Bonne balade !

Ludo

Ludo

Créateur de CommeUnVelo, je me suis mis à rédiger des articles puis des vidéos sur YouTube pour aider le plus grand nombre à comprendre l'univers technique du vélo.
En 2012, je me suis mis à la course à pied, en 2017 au vélo (vélotaf, UFOLEP), cyclocross et en 2018 je me lance sur le triathlon que je pratique toujours !

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